lundi 26 novembre 2012

Projet d’implantation d’une usine de démantèlement de bateaux à Potou

Mamadou Ba, président du Conseil régional de Louga

L’implantation d’une usine de démantèlement de bateaux à Potou a installé la polémique dans la région de Louga. Soutenu par le Conseil régional de Louga, ce projet prévu sur le littoral suscite des craintes chez les populations. Outre les pertes d’emplois, les conséquences désastreuses sur l’environnement inquiètent. Mais pour le président du Conseil régional de Louga ce projet participe à la création d’un tissu industriel à Louga.

Le Conseil régional de Louga soutient le projet de démolition de navires de Ferrometal. Quels sont les avantages attendus de ce projet ?
Si vous vous référez au document de politique économique régionale élaboré en 2009 après l’installation de la nouvelle équipe du Conseil régional, paru dans le quotidien Le Soleil, vous verrez bien que l’un des axes importants était : la promotion de l’investissement privé et du partenariat avec le secteur privé.
La région s’était donné pour la première fois comme ambition d’attirer les capitaux étrangers pour créer un 
tissu industriel régional sans lequel aucune politique de création d’emploi ne pouvait réussir à Louga.

Le projet Ferrometal compte occuper 315 hectares de terre sur le littoral. Quelle est la contrepartie financière de cette attribution foncière ?
La communauté rurale de Leona et le Conseil régional de Louga ont signé avec la Société Ferrometal, respectivement un protocole chacun, dans lequel la contrepartie au bénéfice des populations a été prise en compte da façon exhaustive.
Elle se traduit en termes d’infrastructures sociales de base et de diverses subventions dont celle allouées aux deux collectivités locales sous forme d’appui budgétaire de 2000 000 d’euros par an /chacune pendant la durée du fonctionnement de l’usine.

Les promoteurs du projet promettent la création de 5 000 emplois, mais le projet risque aussi de détruire des emplois liés à la pêche, au maraîchage et à l’élevage. Que comptez-vous faire pour préserver les intérêts des populations ?
La confusion que vient lever l’évaluation d’impact environnemental stratégique approuvée par le comité technique régional, évidemment suite à un débat sérieux, sincère et instructif, est celle qui consiste à confondre les vieilles méthodes archaïques et désuètes, qui étaient employées en Inde, il y’a plus de vingt ans, et bannies par l’Union européenne et celle révolutionnaire et inédite proposée par Ferrometal Naval Scrap de Madrid. Après l’évaluation environnementale stratégique, des études approfondies vont être 
menées sur chacune des cinq composantes du projet et validés avant son démarrage.

L’étude d’impact environnemental quoique contestée montre les conséquences désastreuses de ce projet dans l’environnement. Est-ce que cela ne devrait ils pas inciter les autorités locales à la prudence ?
Il faut dire que même les chefs de service régionaux n’étaient pas suffisamment outillés pour apprécier techniquement cette nouvelle technologie qui je le répète est inédite en son genre et prévoit un dispositif efficient de prise en charge des déchets et de préservation de l’environnement

Les services techniques de l’Etat s’opposent unanimement à ce projet ? Sur la base de quel argument ou information le Conseil régional de Louga et le conseil rural de Leona vont à l’encontre de l’avis de ces services techniques ?
Cela n’est pas exact, et je vous renvoie au rapport du comité et au Gouverneur de région de Louga, président du comité restreint mis en place pour intégrer les dernières observations et recommandations de ses membres sur le document validé de l’évaluation environnementale.

L’usine de démolition va entrainer une dissémination dans l’environnement de produits tels que l’amiante, la CFC, le PCB, le mercure, l’ammoniac et d’autres substances toxiques. Avez-vous commandité une autre étude pour mesurer la conséquence de la propagation de ces composés chimiques dans l’environnement ?
Je l’ai dit il y’aura d’autres études spécifiques d’impact qui vont concerner toutes les composantes du projet (voir document joint en annexe).

Des usines de démantèlement de navires respectant les normes environnementales existent en Europe. Pourquoi, selon vous Ferrometal vient s’installer au Sénégal ?
Ferrometal a deux usines similaires en Espagne, et le choix du Sénégal obéit selon les promoteurs, entre autres raisons, à un souci d’économie en réduisant les distances et rapprochant de l’installation portuaire des lieux où se trouvent les épaves potentiels

En Inde et au Bengladesh, la démolition des navires a entraîné la mort de centaines d’ouvriers. Quelles sont les assurances des promoteurs pour éviter de tels accidents de travail ?
C’était il y’a vingt ans, et la technologie a énormément évolué. De vingt mille emplois en Inde à l’époque, on va passer à Cinq mille à Léona (Louga), et cela c’est le fait de l’avancée technologique qui réduit en même temps les interventions humaines à des niveaux de risques où interviennent les robots maintenant.

Certaines personnes présentes à la réunion de la commission expliquent que vous aviez été le représentant de Ferrometal ? Que répondez-vous à cela ?
Je suis Secrétaire Général de Région, mais je suis aussi titulaire d’une maitrise en lettres espagnoles et c’est cela qui a fondé les liens qui existent aujourd’hui entre Mme Cornelia Man, Manager Général de Ferrometal, qui ne parle pas Français et moi-même.

Si de tels propos sont avérés, n’existe-t-il pas un risque de conflit d’intérêts ?
Au contraire, je pense que ceci me met au cœur du processus et me permet d’être le garant des intérêts des populations locales. N’oubliez pas que je suis natif de Louga et donc au milieu des miens. Si jamais ces intérêts venaient à être menacés, je n’hésiterais pas à m’y opposer de toutes mes forces, mais nous pensons qu’il n’y a pas de développement sans audace et que le risque zéro n’existe pas en la matière.


Dossier réalisé par Baye Makébé Sarr

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