L’implantation d’une usine de démantèlement de
bateaux à Potou a installé la polémique dans la région de Louga. Soutenu
par le Conseil régional de Louga, ce projet prévu sur le littoral
suscite des craintes chez les populations. Outre les pertes d’emplois,
les conséquences désastreuses sur l’environnement inquiètent. Mais pour
le président du Conseil régional de Louga ce projet participe à la
création d’un tissu industriel à Louga.
Le
Conseil régional de Louga soutient le projet de démolition de navires
de Ferrometal. Quels sont les avantages attendus de ce projet ?
Si vous vous référez au document de politique économique
régionale élaboré en 2009 après l’installation de la nouvelle équipe du
Conseil régional, paru dans le quotidien Le Soleil, vous verrez bien
que l’un des axes importants était : la promotion de l’investissement
privé et du partenariat avec le secteur privé.
La région s’était donné pour la première fois comme
ambition d’attirer les capitaux étrangers pour créer un
tissu industriel
régional sans lequel aucune politique de création d’emploi ne pouvait
réussir à Louga.
Le projet Ferrometal compte occuper
315 hectares de terre sur le littoral. Quelle est la contrepartie
financière de cette attribution foncière ?
La communauté rurale de Leona et le Conseil régional de
Louga ont signé avec la Société Ferrometal, respectivement un protocole
chacun, dans lequel la contrepartie au bénéfice des populations a été
prise en compte da façon exhaustive.
Elle se traduit en termes d’infrastructures sociales de
base et de diverses subventions dont celle allouées aux deux
collectivités locales sous forme d’appui budgétaire de 2000 000 d’euros
par an /chacune pendant la durée du fonctionnement de l’usine.
Les promoteurs du projet
promettent la création de 5 000 emplois, mais le projet risque aussi de
détruire des emplois liés à la pêche, au maraîchage et à l’élevage.
Que comptez-vous faire pour préserver les intérêts des populations ?
La confusion que vient lever l’évaluation d’impact
environnemental stratégique approuvée par le comité technique régional,
évidemment suite à un débat sérieux, sincère et instructif, est celle
qui consiste à confondre les vieilles méthodes archaïques et désuètes,
qui étaient employées en Inde, il y’a plus de vingt ans, et bannies par
l’Union européenne et celle révolutionnaire et inédite proposée par
Ferrometal Naval Scrap de Madrid.
Après l’évaluation environnementale stratégique, des études approfondies
vont être
menées sur chacune des cinq composantes du projet et validés
avant son démarrage.
L’étude d’impact environnemental
quoique contestée montre les conséquences désastreuses de ce projet dans
l’environnement. Est-ce que cela ne devrait ils pas inciter les
autorités locales à la prudence ?
Il faut dire que même les chefs de service régionaux
n’étaient pas suffisamment outillés pour apprécier techniquement cette
nouvelle technologie qui je le répète est inédite en son genre et
prévoit un dispositif efficient de prise en charge des déchets et de
préservation de l’environnement
Les services techniques de l’Etat
s’opposent unanimement à ce projet ? Sur la base de quel argument ou
information le Conseil régional de Louga et le conseil rural de Leona
vont à l’encontre de l’avis de ces services techniques ?
Cela n’est pas exact, et je vous renvoie au rapport du
comité et au Gouverneur de région de Louga, président du comité
restreint mis en place pour intégrer les dernières observations et
recommandations de ses membres sur le document validé de l’évaluation
environnementale.
L’usine de démolition va entrainer
une dissémination dans l’environnement de produits tels que l’amiante,
la CFC, le PCB, le mercure, l’ammoniac et d’autres substances toxiques.
Avez-vous commandité une autre étude pour mesurer la conséquence de la
propagation de ces composés chimiques dans l’environnement ?
Je l’ai dit il y’aura d’autres études spécifiques
d’impact qui vont concerner toutes les composantes du projet (voir
document joint en annexe).
Des usines de démantèlement de
navires respectant les normes environnementales existent en Europe.
Pourquoi, selon vous Ferrometal vient s’installer au Sénégal ?
Ferrometal a deux usines similaires en Espagne, et le
choix du Sénégal obéit selon les promoteurs, entre autres raisons, à un
souci d’économie en réduisant les distances et rapprochant de
l’installation portuaire des lieux où se trouvent les épaves potentiels
En Inde et au Bengladesh, la
démolition des navires a entraîné la mort de centaines d’ouvriers.
Quelles sont les assurances des promoteurs pour éviter de tels accidents
de travail ?
C’était il y’a vingt ans, et la technologie a énormément
évolué. De vingt mille emplois en Inde à l’époque, on va passer à Cinq
mille à Léona (Louga), et cela c’est le fait de l’avancée technologique
qui réduit en même temps les interventions humaines à des niveaux de
risques où interviennent les robots maintenant.
Certaines personnes présentes à la
réunion de la commission expliquent que vous aviez été le représentant
de Ferrometal ? Que répondez-vous à cela ?
Je suis Secrétaire Général de Région, mais je suis aussi
titulaire d’une maitrise en lettres espagnoles et c’est cela qui a
fondé les liens qui existent aujourd’hui entre Mme Cornelia Man, Manager
Général de Ferrometal, qui ne parle pas Français et moi-même.
Si de tels propos sont avérés, n’existe-t-il pas un risque de conflit d’intérêts ?
Au contraire, je pense que ceci me met au cœur du
processus et me permet d’être le garant des intérêts des populations
locales. N’oubliez pas que je suis natif de Louga et donc au milieu des
miens. Si jamais ces intérêts venaient à être menacés, je n’hésiterais
pas à m’y opposer de toutes mes forces, mais nous pensons qu’il n’y a
pas de développement sans audace et que le risque zéro n’existe pas en
la matière.
Dossier réalisé par
Baye Makébé Sarr
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